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CCSI-Info juin 2003

Publié le 16 juin, 2003 dans

CCSI-Info

 

juin 2003

Edito

7 juillet 2003 : délai final dans la récolte de signatures pour les initiatives J’y vis, j’y vote. Sauf mauvaise surprise de dernière minute, la barre des 10’000 paraphes sera franchie. Il s’en est pourtant fallu d’un cheveu : à la veille de la fête de la musique, il restait encore à convaincre plus de 2500 personnes – compte tenu du fait qu’une marge minimum est nécessaire pour compenser les signatures non valables.

Au moment d’atteindre la ligne d’arrivée, quelques réflexions s’imposent.

La campagne en faveur des droits politiques pour les étrangères et les étrangers à Genève a été relancée sur l’impulsion du groupe de jeunes de J’y vis, j’y vote. Cette démarche démarrait au lendemain de la votation sur l’initiative UDC voulant restreindre drastiquement le droit d’asile (voir CCSI-Info de novembre 2002). L’idée était de ne pas se cantonner à une politique d’opposition en matière de migration, d’avoir une approche positive, et de s’inscrire dans le sillon des cantons romands (les droits politiques pour les étrangères et les étrangers venaient d’être accordés dans la nouvelle Constitution vaudoise, tandis que la Constituante fribourgeoise mettait la question à l’ordre du jour).

Le Centre de Contact, pourtant défenseur de cette cause depuis toujours, a émis des réserves quant au moment choisi pour cette opération, les échos que nous avions ne laissant pas présager un engagement très actif des partenaires politiques, d’autant plus en année d’élections locales et nationales. A l’heure du bilan, force est de constater que les partis comme les syndicats se sont relativement peu investis pour ces initiatives. Si la récolte de signatures aboutit, on le devra sans conteste à l’engagement obstiné des militant-e-s de J’y vis, j’y vote.

Tout en saluant cet immense travail, il faut admettre que la décision de lancer les initiatives, prise par ces mêmes militant-e-s, l’a été en forçant quelque peu la main de leurs alliés. Cette stratégie s’est payée au prix fort lors de la récolte de signatures, qui n’a pas bénéficié de tout le soutien qu’on aurait pu attendre des milieux favorables aux droits politiques pour les étrangers. Évidemment, l’actualité débordante de ce printemps n’a pas créé un contexte favorable : la guerre d’Irak, l’élection des parlements et exécutifs communaux, les votations fédérales de mai dernier (sur neuf objets, un record !), ainsi que les péripéties liées au G-8, ont mobilisé toutes les énergies de la gauche.

Le 7 juillet, les deux initiatives achèveront – en principe victorieusement – la première étape de leur parcours du combattant. Mais ne nous y trompons pas. La récolte de signatures est une chose, la votation en est une autre. Les efforts des militant-e-s et des associations comme le CCSI ne suffiront pas à remporter une victoire dans les urnes sans un appui déterminé des partis et des syndicats. Pour gagner le morceau, il faudra impérativement faire remonter la cause des droits politiques pour les étrangers dans le peloton de tête des priorités…

D’ici là, un chaleureux merci à celles et ceux qui se sont dépensé-e-s sans relâche en faveur de “l’aînée et de la cadette” !

Marie Houriet

Comme vous en informait le CCSI-Info d’avril, le Collectif de soutien va déposer plusieurs centaines de dossiers de Sans-Papiers auprès du gouvernement genevois, en demandant que leur soient accordés des permis hors-contingent. Le dépôt, prévu pour fin juin, a finalement été reporté après les vacances. En effet, les événements autour du G8 ont provoqué moult remous dans la République, Grand-Conseil et Conseil d’État compris. Le Comité du Collectif de soutien estime judicieux de laisser passer l’orage, histoire d’éviter que la question des Sans-Papiers puisse être utilisée dans la “guérilla politique” qui a suivi le G8 – ou encore qu’elle ne parte aux oubliettes pour cause de fossé gauche-droite exacerbé… A suivre donc, une fois que la pause estivale aura adouci les moeurs.

Plateforme pour les Sans-Papiers

90% des demandes de permis humanitaire selon les critères de la circulaire Metzler sont présentées par les cantons romands et celui de Berne. Beaucoup de cantons alémaniques évoquent quant à eux leur souveraineté pour ne pas présenter à la Confédération des dossiers qui seraient pourtant susceptibles d’aboutir à une décision favorable.

Afin de faire pression sur ces cantons et d’obtenir une clarification dans l’application de la circulaire (actuellement, c’est le règne du flou), une réunion a eu lieu entre Francis Matthey (président de la Commission Fédérale des Étrangers) et la Plateforme pour les Sans-Papiers (voir le CCSI-Info de décembre 2002) Le projet d’une commission indépendante, qui pourrait être saisie et donner un préavis (sans valeur juridique contraignante) sur des dossiers, est actuellement en consultation auprès des organisations membres de la Plateforme.

Cette démarche est ambiguë : en être partie prenante, n’est-ce pas soutenir indirectement l’approche Metzler du règlement au cas par cas ? C’est pour cette raison que les Collectifs de soutien se sont retirés de la Plateforme, même s’ils suivent attentivement ses travaux. Du côté des Collectifs, on en reste donc à la revendication d’une solution collective. D’un autre côté, la situation en Suisse alémanique est si bouchée qu’il est impératif d’y ouvrir des brèches. La Plateforme peut assumer ce rôle complémentaire, et participer à ce titre au “projet Matthey”. Des nouvelles suivront quant à la position du CCSI sur ce sujet.

Nouvelles du journal Carrefour

Les plus féru-e-s parmi le lectorat de Carrefour l’auront remarqué : la parution du journal des CCSI romands et d’ACOR/SOS-Racisme connaît des soubresauts depuis quelques temps déjà.

L’an dernier, le numéro de juin a été supprimé, le temps de redessiner la maquette du journal et d’améliorer sa présentation graphique. Si la nouvelle forme (bien sûr toujours perfectible) de Carrefour a fait l’unanimité au sein du Comité de rédaction, il n’en va malheureusement pas de même en ce qui concerne le fond.

La ligne rédactionnelle fait actuellement l’objet de divergences. Une partie du Comité de rédaction souhaite un journal très profilé, qui ait une fonction de rupture non seulement par rapport à la politique des autorités, mais aussi face à certains syndicats et partis de gauche, jugés trop peu engagés dans la défense des migrant-e-s.

Tout en gardant l’oeil ouvert et l’esprit critique, le CCSI-Genève ne partage pas cette approche. Nous craignons en effet de nous couper des forces politiques et syndicales qui se battent à nos côtés sur le front de la migration, car ce sont des partenaires indispensables pour défendre les droits des migrant-e-s. Il serait dommage de les affaiblir en nous focalisant uniquement sur les défaillances sans saluer les efforts entrepris.

Bien sûr, la réalité locale diverge d’une région à une autre, ce qui explique certainement en partie les difficultés de se mettre d’accord au sein du Comité de rédaction. Le CCSI-Genève a donc demandé la tenue d’une nouvelle Assemblée Générale extraordinaire afin de discuter du rôle de Carrefour. L’agenda militant très chargé de ce printemps (guerre d’Irak, G8, campagne J’y vis, j’y vote) n’a pas permis de se rencontrer avant la pause estivale. Le numéro de juin ne paraîtra donc pas, et celui de septembre est compromis, ce que nous regrettons.

Le CCSI-Genève s’engage à chercher des solutions vis-à-vis des lectrices et lecteurs de Carrefour, pour être à même de leur offrir dès que possible une information de qualité – pointue, mobilisante, plurielle.