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CCSI-Info décembre 2004

Publié le 13 décembre, 2004 dans
CCSI-Info
Décembre 2004

 

Edito

 

Maintenant que les bougies sont soufflées de l’anniversaire il reste les volutes de fumée des contes des volutes qui laissent apparaître dans leur opacité tendre des images.

Au commencement ce n’est qu’une salle fonctionnelle d’un immeuble sans charme. Alors aux néons on réplique en jouant les fées : éteindre la lumière artificielle, mettre des lumignons sur les tables rondes. Avec des sets rouges et fiers et légers comme des ballons de baudruche. Un grand buffet appétissant en sus. Il n’y a plus de “public”, désormais nous sommes tous des invités. Des invités venus entendre Suzy, Justin, Dini et Silvia évoquer leur itinéraire de migrants. Pour nous c’est une histoire, mais pour eux… c’est de leur vie qu’il s’agit. Et les rêves qu’ils ont pour cette vie unique, précieuse, respirent dans chacun de leurs mots.

Le frère et la belle-soeur de Suzy sont partis d’Espagne en lui laissant la garde de leur fille âgée de trois mois. C’est Suzy qui s’en est occupée jusqu’à son premier anniversaire. Puis elle a ramenée la petite à ses parents, en Suisse. Et elle est restée. Trente ans plus tard, sa voix reflète encore son émotion – on croit faire un voyage pour accompagner une nièce à Genève, et c’est toute une vie qui prend un tournant décisif.

En s’envolant du Congo vers l’Europe pour y suivre des études, Justin s’en allait aussi, sans le savoir encore, à la rencontre de sa femme. Lorsqu’ils décidèrent de se marier, la bureaucratie helvétique se mit en marche : Justin devait produire un document pour “prouver qu’il était bien lui-même”. Demande kafkaïenne, à laquelle Justin parvient à répondre sur le plan administratif mais aussi symbolique : son humour en évoquant cet épisode révèle sans aucun doute, bien plus que toutes les attestations du monde, qui il est.

Dini vient du Kosovo. Les stéréotypes, il connaît ! Une part importante de son intégration a passé par un travail personnel sur l’image que les autres ont des Kosovars, confie-t-il. Par la débrouille, aussi : quand on est requérant d’asile avec peu de moyens, comment s’organiser des loisirs, inviter une femme quelque part, rencontrer des amis ? Tout un art qui réclame d’être créatif et à l’affût des bons plans. Enfin, et Dini insiste sur ce point, ne jamais s’enfermer dans un rôle de victime, malgré les difficultés rencontrées.

Car ce n’est pas la compassion qui est recherchée lorsque l’intégration est décrite comme une course d’obstacles. Plutôt la reconnaissance par rapport au chemin parcouru. Et la volonté farouche d’expliquer qui l’on est, pourquoi on est venu.

C’est aussi ce que qu’exprime Silvia. En Bolivie, elle a laissé une nombreuse fratrie, avec l’espoir tenace d’une vie meilleure en Europe. Arrivée à Genève avec le désir d’étudier, les portes se referment devant elle, faute de statut. Elle s’accroche, travaille la journée comme garde d’enfant, suit des cours du soir, s’engage aux côtés d’autres personnes sans statut légal. Cherche à apaiser les peurs de ceux qui voient dans l’étranger une menace (“nous n’avons qu’un seul rêve, le même que vous”). Elle pourrait nous détester en bloc, nous autres Suisses ou Espagnols (l’ancien colonisateur !). A la place elle clôt son récit en montant deux photos : l’une de sa nièce, l’autre de l’enfant dont elle s’occupe à Genève. Parce que toutes deux représentent l’avenir, nous dit-elle, elle refuse la tentation de la haine.

Maintenant que les bougies sont soufflées de l’anniversaire il reste ces filets de voix dont un enchantement a fait de nous les écrins.

 

Bilan du 30ème anniversaire du CCSI

 

Un regard en arrière

Avec Noël et les fêtes qui s’approchent, c’est aussi un anniversaire qui s’achève pour le Centre de Contact. Au-delà de l’album de souvenirs, nous voulons partager avec vous nos réflexions sur l’année écoulée – rappel des objectifs et des priorités choisies, bilan des différents temps forts, etc. Si cette lecture suscite des commentaires, n’hésitez pas à nous en faire part, vos cogitations sont toujours bienvenues…

Un des objectifs centraux que nous nous étions fixés pour ce 30ème anniversaire était de sortir du cercle des familiers (familiers du Centre ou de nos idées). C’est pourquoi nous avons « construit » cet anniversaire avec des partenaires susceptibles d’amener leur propre public aux différentes activités organisées. Nous espérions ainsi, entre autres, atteindre les aficionados de St-Gervais et de Marielle Pinsard, les amatrices et amateurs de contes à la Maison Forte d’Arare, ainsi que les fans d’improvisation autour de Philippe Cohen. Globalement, même si l’exercice a ses limites, ce pari est intéressant et mérite d’être poursuivi.

Par ailleurs, au-delà du public présent lors d’un événement en particulier, la collaboration que nécessite la mise sur pied d’un projet commun avec un partenaire crée en elle-même des liens importants et contribue à élargir notre réseau. Enfin, il y avait aussi l’idée de « parler autrement » de la migration grâce aux récits de vie, contes, improvisations, grâce au théâtre et à la danse – sans parler du film qui relate magnifiquement le parcours de Pilar Ayuso. Autant de vecteurs pour faire comprendre les réalités de l’intégration, de façon moins analytique peut-être, mais souvent plus percutante que des conférences ou des débats.

Travail en commun et options fondamentales

Comme nous l’avons déjà mentionné dans le CCSI-Info de mars dernier, les soirées à St-Gervais posaient une question cruciale : comment organiser quelque chose en commun avec un partenaire à partir de priorités différentes, par exemple une perspective artistique (pour Marielle Pinsard : créer un événement sur le plan artistique, ce qui implique une certaine dose de prise de risque) et une perspective sociale (« protéger » les personnes amenées à témoigner sur une scène) ? Si, en théorie, on chante les louanges de l’ouverture et du partenariat, il est très complexe d’élaborer un projet à plusieurs. Le danger existe de tomber dans une simple juxtaposition (la mise en commun n’est alors que superficielle) ou d’opter pour le plus petit dénominateur commun, en se confinant dans des compromis rapides qui ne satisfont personne. Éviter ces ornières
réclame beaucoup de soin et de temps dans l’élaboration du projet. Sans doute est-ce le prix à payer pour ne pas se retrouver toujours entre convaincu-e-s…

Travail en commun et relais dans la mobilisation

Avec humour, Philippe Cohen a su trouver le ton pour improviser autour du thème de la migration, sujet pourtant brûlant. En l’occurrence, le public présent était avant tout constitué de proches du CCSI et de la Maison de Quartier de la Jonction. Est-ce parce que le spectacle n’a pas bénéficié d’une publicité particulière (il était annoncé dans notre programme général, au milieu d’un ensemble très touffu d’activités) ? Nous l’avons constaté tout au long de ce 30ème : la fréquentation était plus forte lorsqu’une soirée était annoncée par un courrier spécifique. Étant donné l’abondance des manifestations prévues, il n’était pas possible pour le CCSI de « battre le rappel » à chaque fois ! Nous nous sommes concentrés sur les trois temps forts que nous voulions mettre en évidence : la fête, le documentaire sur Pilar Ayuso, et l’espace de paroles. Dès lors, le « succès » des autres activités a surtout été dépendant de la capacité de mobilisation de nos partenaires, avec des résultats variables, mais globalement positifs.

Le meilleur exemple en est peut-être la présentation d’Histoires de vie, histoires de papiers au théâtre du Galpon. Malgré le fait qu’il s’agissait de la troisième présentation de ce spectacle (les proches du CCSI l’avaient donc déjà vu), la pièce a fait salle comble trois soirs de suite, car elle était annoncée dans le programme de la saison théâtrale du Galpon. Le relais a ainsi parfaitement fonctionné !

… pour aller de l’avant

Le même mécanisme a joué le 6 novembre lors de la fête. Indépendamment des proches qui ont répondu en grand nombre à notre invitation, le concert d’Antonio Dominguez a attiré un auditoire très dense d’amatrices et d’amateurs de guitare classique. Vers 22h00, les Haricots Sauvages ont lancé la seconde partie de soirée, autour d’un public rajeuni. Toute une série d’habitué-e-s de La Parfumerie nous ont également rejoints et ont savouré jusque tard dans la nuit la musique tropicale de Dolores et les ventilateurs.

A propos de La Parfumerie, relayons ici des commentaires intéressants faits au sujet du choix de ce endroit. Certain-e-s ont trouvé assez sinistres les allures d’usine désaffectée au décor de meubles dépareillés et tentures noires que revêt ce lieu, alors que nous avons pour notre part une affection toute particulière pour cet espace qui ressemble davantage à une brocante qu’à une salle communale !! Ces différences d’appréciation doivent être prise en compte autant que faire ce peut. Comment contenter tout le monde lorsqu’on a l’ambition de s’adresser à des publics différents, qui ont chacun leur code ? D’autant plus que nous avons certains impératifs – impossible de louer une salle chère, ou de prendre le risque d’être « perdus » dans un espace trop grand en cas d’affluence moins nombreuse qu’espéré. A défaut de trouver un lieu qui fait l’unanimité, il est important déterminer quel est le public-cible prioritaire, pour effectuer un choix cohérent.

Travail en commun et visibilité

Dans un travail de co-organisation se pose aussi la question de la visibilité de chaque partenaire. Au cours de cette année, différents modes ont été « pratiqués », avec plus ou moins de bonheur. A St-Gervais, le CCSI s’est fait très (trop) discret : la seule présence de l’exposition Ceppi au rez-de-chaussée du théâtre n’a certainement pas suffi à nous rendre visible pour le public. Afin de ne pas tomber dans le même travers à La Cour des Contes, nous avons proposé aux organisatrices de réciter un texte évoquant l’anniversaire du Centre avant les spectacles du soir.

Nous avons été très attentifs à prendre en compte l’esprit du festival (ce qui impliquait d’avoir un texte plus poétique que militant), et la formule a été bien accueillie. Dans la même veine, une introduction « sur mesure » a été faite avant le spectacle de Philippe Cohen et le concert d’Antonio Dominguez. Par contre, la tenue d’un stand à La Cour des Contes n’a guère marché, de même que l’animation imaginée pour faire connaître la politique des deux cercles (distribution d’une carte avec l’affiche du 30ème au recto, et une question renvoyant à des explications sur notre site au verso).

Campagne « Ensemble nous faisons la Suisse »

Autre chapitre de ce trentième : la campagne de sensibilisation Ensemble nous faisons la Suisse, autour du dessin offert par Zep. En s’adressant à Zep, nous étions sûrs d’avoir une affiche de grande qualité. Nous espérions aussi obtenir plus facilement le soutien financier des bailleurs de fonds sollicités. Enfin, nous savions que son coup de crayon serait immédiatement identifié. Notre affiche bénéficierait ainsi indirectement de « l’effet Titeuf ». Nous avons volontairement choisi un thème rassembleur, avec un message positif plutôt que culpabilisant. L’emblème du drapeau a été proposé à Zep car nous voulons que cesse l’identification entre la Suisse et les milieux conservateurs xénophobes. La Suisse n’appartient pas seulement aux nostalgiques d’Heidi, elle est aussi celle des migrant-e-s qui la construisent et de tous ceux qui la rêvent plus ouverte et plus accueillante.

Comme espéré, le Centre a reçu un soutien enthousiaste pour cette campagne, ce qui a permis à notre affiche de sillonner Genève durant cinq semaines sur le flancs de 60 bus TPG ! Le dessin de Zep a aussi été décoré 15’000 sets de table (avec le programme du 30ème) qui ont fait le bonheur de plusieurs restaurants. Enfin, il trône sur des bouteilles de Gamay et de Dame Noire « spécial 30ème » -toujours disponibles d’ailleurs, si vous voulez fêter Noël sous le signe de la militance !! Last but not least, le programme des activités du 30ème affichait lui aussi le dessin de Zep. Tiré à 10’000 exemplaires, ce dépliant a été massivement diffusé, que ce soit par le CCSI, la Maison de Quartier de la Jonction ou le héâtre du Galpon, et durant le festival La Cour des Contes. Son esthétique a certainement incité plus d’un à y jeter un coup d’oeil, même distrait, sur le menu des activités prévues. Même si le nombre de personnes effectivement drainées par ce biais est très restreint, nous supposons que ce programme a contribué à faire connaître le CCSI et à témoigner de notre dynamisme associatif.

Au bout du compte, que restera-t-il de ce dessin, de son message, dans les esprits ? La question mérite d’être posée lorsqu’on pense à la campagne d’affichage faite par le Bureau de l’Intégration en 2003. Le BIE avait fait évaluer cette campagne par un sondage quelques semaines après la pose des affiches. A première vue, le bilan était très décevant : peu de personnes se souvenaient des affiches, de leur contenu, de l’organisme qui avait lancé la campagne en question.

Il est probable qu’une enquête après la campagne de notre 30ème anniversaire révélerait les mêmes tendances : un souvenir assez flou. Mais il est essentiel de ne pas s’arrêter à ce constat dans notre analyse, car il faut voir les choses dans un ensemble. Démonstration ? Si vous deviez à brûle pour point vous rappeler des dernières publicités que vous avez vues aujourd’hui, gageons que vous auriez beaucoup de difficultés. Pourtant, l’ensemble du marketing qui nous entoure construit notre représentation du monde…

C’est pourquoi, malgré un impact direct qui peut sembler minime, nous croyons qu’une campagne de sensibilisation telle que la nôtre fait sens. Avec d’autres opérations du même type (rappelez-vous les visages de requérant-e-s d’asile avec la pomme de Guillaume Tell affichés ce printemps par l’OSAR), elle vient contre-balancer le discours-massue de la méfiance et du soupçon.

Échos

La reconnaissance du travail effectué par le Centre de Contact et son rôle dans la Cité a été manifestée par le bon accueil que les autorités ont fait à nos invitations. Que ce soit lors de la fête, de la projection du film de Plans-Fixes ou de l’espace de paroles, les responsables politiques ainsi que nos partenaires au quotidien ont été très nombreux à participer à nos activités. Au-delà d’une satisfaction purement « institutionnelle », nous espérons que cela annonce une volonté de prendre en compte la situation des migrant-e-s d’aujourd’hui, et de chercher des réponses aux difficultés rencontrées dans leur quotidien. En ce qui concerne les média, le Courrier a été l’unique journal à suivre cet anniversaire, à travers deux pleines pages. Plusieurs radios locales ont aussi pris le relais, de même que Léman Bleu. Enfin, le film sur Pilar Ayuso a amené un journaliste de la Radio Suisse Romande à l’inviter pour un entretien d’un heure dans l’émission « Chemins de terre ».

***

Au terme de cette année anniversaire, toute l’équipe du Comité et des permanent-e-s souhaite remercier chaleureusement les personnes qui ont contribué à faire de ces moments des souvenirs inoubliables. Auteur-e-s de témoignages, artistes, partenaires de travail (tout spécialement la Maison de Quartier la Jonction, notre complice au cours du mois de novembre), bailleurs de fonds, responsables politiques, sans oublier bien sûr les proches et ami-e-s, vous avez été nombreuses et nombreux à nous manifester soutien, solidarité, amitié. Un véritable réservoir d’énergie qui nous aide à aller de l’avant.

 

Le CCSI au théâtre

 

…Dans le sillage de notre 30ème anniversaire, nous poursuivons notre réflexion sur la migration d’aujourd’hui. Après « l’espace de paroles » à la Maison de Quartier de la Jonction en novembre dernier, qui était spécialement destiné à faire entendre la voix des migrant-e-s, nous voulons que la société d’accueil s’interroge sur elle-même. Anne Bisang et son équipe ont bien voulu être nos hôtes pour l’organisation d’une soirée de réflexion qui s’annonce haute en couleurs !

Le 21 février 2005 à 20h00 à La Comédie de Genève

(6, Bd des Philosophes) Grand débat sur le thème

“La Suisse, pays d’immigration. Par tradition ?”

A l’aube du XXème siècle, 3 millions de Suisses ont quitté un pays pauvre et sont allé-e-s chercher meilleure fortune ailleurs dans le monde (en Amérique latine, Aux États-Unis, en Asie,…) Encore aujourd’hui, presque 10% des personnes ayant un passeport rouge à croix blanche vivent en dehors de nos frontières ! Mais depuis plusieurs décennies, la tendance marquante en Suisse est l’arrivée de travailleuses et travailleurs étrangers. Aux Italiens ont succédé les Espagnols, Portugais, Yougoslaves, Turcs, Latino-américains, Philippins… La Suisse est un pays d’immigration, c’est un fait, et ce depuis un demi-siècle. Une longue tradition, donc. Pourtant, La Suisse peine singulièrement à se reconnaître comme telle. Réputée pragmatique, la Suisse, en l’occurrence, ne parvient pas à assumer cette simple donnée et à chercher à l’aménager au mieux. Construite petit-à-petit au fil des siècles à l’ombre de puissants voisins, la Suisse vit encore avec une mentalité d’assiégée. Dans cette perspective, l’étrangère et l’étranger sont perçu-e-s avant tout comme une menace (pour notre sécurité, nos finances publiques, notre mode de vie, notre identité). Derrière chaque migrant-e, la Suisse entrevoit une personne prête à abuser de sa naïveté, de sa bonne foi, de sa générosité, de son système.

La Suisse est un pays d’immigration. Saura-t-elle faire de cette réalité une tradition nationale ?? Le Centre de Contact Suisses-Immigrés a souhaité inviter différentes personnalités pour qu’elles s’expriment à ce sujet. Quelle est leur propre perception de la migration, de la façon dont la Suisse gère la présence sur son territoire d’un million et demi de personnes étrangères ? A quoi devrait ressembler un pays d’immigration de nos jours ? Se vivre et se projeter comme une terre d’immigration, est-ce un destin porteur d’avenir pour notre pays ? Autant de réflexions que nous espérons partager, sous la houlette d’Esther Mamarbachi, journaliste à la TSR, avec les intervenant-e-s que voici :

  • Sandro Cattacin, directeur du Forum Suisse pour l’étude des Migrations et de la population jusqu’en septembre 2004, actuellement professeur de sociologie à l’Université de Genève
  • Robert Cramer, Conseiller d’État en charge du DIAE
  • Joëlle Kuntz, journaliste au quotidien Le Temps et auteure du livre “Adieu à Terminus – réflexions sur les frontières d’un monde globalisé”
  • Christiane Perregaux, Présidente du CCSI et professeure adjointe en sciences de l’Éducation à l’Université de Genève
  • Jean-Marc Richard, animateur à la Télévision Suisse Romande et à la Radio Suisse Romande
  • … + un-e invité-e surprise !

Dans la même semaine sera joué au théâtre le spectacle Allers-retours, mis en scène par Valentin Rossier. Cette pièce d’Henri Christophe, écrite dans la première moitié du XXème siècle, parodie les administrations qui traitent les gens comme de simples rouages d’un mécanisme inhumain. Enfin, les élèves de la Haute École des Arts Appliqués de Genève proposeront une réalisation plastique autour des thèmes soulevés, et exposeront leurs travaux à la Galerie de La Comédie.

 

 

Brèves

 

Commission Fédérale des Étrangers (CFE)

La CFE vient de consacrer une journée de réflexion sur le thème de l’intégration et de l’habitat. A cette occasion, une série de recommandations ont été présentées, dont voici la synthèse (il est possible de commander des brochures sur le sujet à l’adresse http://eka-cfe@imes.admin.ch) :

  • de façon générale et pas uniquement en regard des seul-e-s migrant-e-s, il faut privilégier un habitat de qualité comprenant des infrastructures adaptées aux besoins (espaces pour les enfants, offre de loisirs pour les jeunes, lieux de rencontre, etc.)
  • concernant la cohabitation, il faut des règles communes claires, et un effort dans leur diffusion (information des habitant-e-s)
  • il faut promouvoir l’égalité de traitement sur le marché du logement (qui est loin d’exister actuellement), ce qui passe par la lutte contre les discriminations en fonction de la nationalité ou de la couleur de la peau
  • il faut tenir compte des besoins spécifiques des migrant-e-s (p. ex. en permettant qu’il y ait des lieux de culte)
  • la notion de « logement convenable », prise en compte dans les décisions concernant le regroupement familial, doit être interprétée sur une base très souple, car le fait de pouvoir vivre en famille est essentiel
  • les personnes de nationalité étrangère doivent pouvoir être élues dans les services de conciliation (qui traitent des conflit en matière de logement).

Journée de l’intégration 2005

Les troisièmes Assises de l’Intégration se dérouleront à la Maison onésienne le 30 avril prochain. Une date à réserver d’ores et déjà sur votre agenda 2005 ! Pour l’occasion, les Assises changent de nom, histoire que le public comprenne de quoi il s’agit… Désormais, ce rendez-vous annuel aura lieu sous l’appellation « journée de l’intégration ».

Lecture et action politique

…A la recherche d’une idée de cadeau pour Noël ? Le dernier livre d’Agota Kristof est pour vous. Hongroise, l’auteure a fait partie des « bons réfugiés », ceux qui fuyaient un régime communiste : lors de son arrivée en Suisse, elle a été bien accueillie. Pourtant son récit, L’analphabète*, raconte un chemin d’exil marqué par d’immenses déchirements. Ce petit ouvrage, très dense, permet de prendre la mesure du déracinement vécu par celles et ceux qui quittent leur terre natale.

A sa lecture, on n’ose imaginer ce que vivent les requérant-e-s d’aujourd’hui, que ce soit dans l’attente d’une décision ou lorsqu’intervient une décision de non-entrée en matière. Si les pages d’Agota Kristof vous interpellent, si la politique de la dissuasion en matière d’asile vous révolte, n’hésitez pas à signer et à faire signer la pétition encartée dans ce numéro. Après tout, il s’agit de faire respecter notre Constitution, qui prévoit dans son art. 12 « d’assurer les moyens de mener une existence conforme à la dignité humaine ». Histoire que ces mots veuillent encore dire quelque chose à la veille de Noël (fête dont les protagonistes étaient, pour rappel, des migrants en fuite). Joyeux flocons et bon sapin !

*Agota Kristof, L’analphabète, Éd. Zoé, Genève, 2004, 58 pages.

Non aux primes d’assurance en fonction de la nationalité !

Dernièrement, plusieurs cas de discriminations dans les assurances automobile ont été dénoncés dans les média. En effet, sous prétexte d’un risque accru, des compagnies facturent des primes différenciées en fonction de la nationalité du preneur d’assurance ! Le Centre de Contact estime ces pratiques inacceptables, et compte se joindre à ACOR/SOS-Racisme pour examiner les moyens de les faire cesser.