Assemblée générale Journée de formation
Le 17 mars dernier s’est tenue l’Assemblée Générale du Centre de Contact. Celle-ci s’est déroulée en deux parties : la partie statutaire, et une journée de formation sur le thème « Islam et intégration. Agir au nom des femmes : enjeux, écueils. »
Journée de formation « Islam et intégration. Agir au nom des femmes : enjeux, écueils. »
Pourquoi le CCSI a-t-il choisi ce thème ? A priori, ce n’est pas un sujet qui émerge de la pratique des permanences que tient le Centre de Contact. Dans le travail du CCSI, nous ne sommes en effet pas confrontés directement à d’éventuelles difficultés d’intégration liées au fait d’être musulman ou musulmane. Si le CCSI a cependant décidé d’aborder ce thème, c’est parce que l’islam fait aujourd’hui l’objet d’un intense discours à la fois dans les média et dans le monde politique : débat sur les minarets, sur les cimetières confessionnels, sur la place de la femme dans l’islam. Sans oublier la votation de 2004 sur les naturalisations facilitées : la campagne avait servi de prétexte à d’effrayants d’amalgames et à la publication de statistiques farfelues qui stigmatisaient éhontément les musulmanes et musulmans établi-e-s en Suisse. En cette année d’élections fédérales, certains partis n’hésitent pas à exploiter le thème de l’islam et de l’intégration, non pour ouvrir des débats de façon sereine, mais pour glaner des voix en attisant peurs et préjugés. La présence musulmane (300’000 personnes en Suisse) est le nouvel objet du débat sur l’intégration des étrangers dans notre pays – même si des milliers de musulmanes et musulmans, par ailleurs, sont suisses…
Il nous a donc semblé nécessaire de consacrer un temps de formation sur cette question, et d’ouvrir celui-ci à nos partenaires associatifs et institutionnels. Une bonne quarantaine de personnes ont participé à la journée, qui s’est déroulée sur deux axes. L’objectif de la matinée était de décortiquer la manière dont nous abordons la question de l’islam et de l’intégration, et cela spécialement lorsque cette question est en lien avec la place de la femme et le respect du droit des femmes. C’est en effet un des volets régulièrement mis en avant dans ce débat. En 2006, la revue Nouvelle Question Féministe a publié sur ce thème deux numéros passionnants et interpellants1. Nous avons donc invité Patricia Roux, Professeure en Études genre à l’université de Lausanne et co-rédactrice de la revue Nouvelle Question Féministe, pour parler de ce sujet.
Dans son exposé, Patricia Roux a tout d’abord rappelé la persistance de pratiques inégalitaires à l’égard des femmes (partage des tâches ménagères, position professionnelle et salaire, violence conjugale) comme des migrant-e-s (type d’emploi, discrimination à l’embauche, absence de droits politiques). Ceci, en dépit d’un discours prônant l’égalité – la revendiquant même comme une des valeurs suisses, que les migrant-e-s doivent s’engager à respecter. Ce paradoxe s’appuie sur l’idée que les étrangers importeraient dans notre pays des pratiques patriarcales archaïques par rapport aux nôtres, et que les immigrées seraient plus soumises, moins libérées, que les femmes suisses.
Ce préjugé n’est pas sans incidences dans la manière dont sont perçus certaines réalités
ou certains faits divers. C’est ainsi que le récent viol collectif à Zurich a pu être majoritairement interprété comme étant dû à l’origine de ses auteurs, comme si leur culture était intrinsèquement violente !
Cette façon d’essentialiser une culture (en oubliant d’ailleurs que les jeunes auteurs de ce viol avaient grandi en Suisse, donc avaient été scolarisés et socialisés ici…) est le socle sur lequel se construit le discours raciste. Dans ce discours, la culture de l’Autre produit un sexisme d’une autre nature, d’un autre ordre. Un sexisme extra-ordinaire, qui est à appréhender de manière différenciée, pour y apporter des réponses spécifiques. C’est ainsi que dans le débat qui a entouré l’adoption de la loi sur le voile en France (2004), le voile est soudain devenu l’unique manifestation de l’oppression des femmes ! Pendant ce temps, des phénomènes graves, tels que la violence conjugale physique ou psychique, qui touche une femme sur cinq, sont négligés… Alors qu’en Suisse, une femme en meurt tous les 10 jours ! De même, la pression exercée sur le corps des femmes par le biais de la publicité (à coup d’images ou de physiques retouchés, donc en présentant comme modèles des femmes qui n’existent pas) n’est jamais questionné, et surtout pas mise sur le même plan que le port du voile. Ce processus permet à la fois de construire une image des personnes migrantes comme foncièrement autres, différentes (altérisation), et de masquer les inégalités dans les rapports sociaux de sexe de la société d’accueil.
La deuxième partie de la journée de formation avait pour objectif d’acquérir ou de rafraîchir quelques connaissances de base sur l’islam, puis de dresser le portrait de la communauté musulmane de Suisse. Mallory Schneuwly-Purdie, vice-directrice du GRIS (Groupe de recherche sur l’Islam en Suisse), titulaire d’un doctorat en sociologie des religions des universités de Fribourg et de la Sorbonne, a présenté un exposé très dense sur les origines de l’islam et ses sources d’interprétation, qu’il serait impossible de résumer ici. Nous mentionnerons par contre certains faits éclairants qu’elle a rappelés concernant les musulmanes et musulmans de Suisse :
Il y a actuellement un peu plus de 300’000 musulman-e-s dans notre pays, dont environ 10% qui ont la nationalité suisse. 89% de ces musulman-e-s viennent d’Europe, principalement des Balkans et de Turquie. 50% ont moins de 25 ans, et ont donc été scolarisés et socialisés en Suisse.
Seule une minorité (15%) est pratiquante.
Comme les autres religions, l’islam est marqué par une grande diversité. La sourate relative au port du foulard peut par exemple être interprétée de manières très diverses.
La communauté musulmane de Suisse se caractérise par une grande hétérogénéité, y compris celle qui vient des Balkans, où l’on parle des langues différentes. Chez les musulman-e-s de Suisse, il y a acceptation de la laïcité culturelle. On est dans une conception a-politique de la société, c’est-à-dire que la dimension religieuse n’est pas du tout orientée vers un projet politique de transformation de la société.
Partie statutaire
Au-delà des élections et de l’approbation des comptes, la partie statutaire est l’occasion de dresser un bilan de l’année écoulée et d’évoquer les chantiers en cours. Christiane Perregaux, notre Présidente, est ainsi revenue sur l’adoption de la LEtr et de la LAsi. La LEtr entérine non seulement un traitement différencié entre ressortissant-e-s de l’Union Européenne et du reste du monde, mais ne prévoit aucune solution pour les personnes sans statut en Suisse. Avec la fin de non-recevoir opposée par Berne à la demande du Conseil d’État genevois d’un contingent exceptionnel de permis, cette réalité pose un immense défi puisque des gens semblent désormais condamnés à la clandestinité à perpétuité ! Le CCSI doit chercher comment continuer à se battre dans ce contexte.
L’année 2007 quant à elle sera marquée par plusieurs changements internes. Pilar Ayuso a pris sa retraite en février, Jean-Stephan Clerc a donné sa démission pour le mois de juin, et Marie Houriet sera en congé maternité à partir de fin septembre. Pour sa part, Christiane Perregaux a annoncé son souhait de quitter la présidence, tout en assurant l’interim jusqu’à ce que sa succession soit assurée. Beaucoup de bouleversements à l’horizon, donc, qui nous laissent un peu inquiets tout en nous réjouissant à l’idée d’accueillir de nouvelles forces au Centre…
Sur un autre plan, 2007 est aussi l’année où les migrant-e-s ont voté pour la première fois lors d’élections municipales. Un pas en avant longuement attendu, que le CCSI a accompagné dans une démarche originale avec la Maison de Quartier des Acacias (voir CCSI-Info de mars).
Collectif de soutien aux Sans-Papiers La cause des personnes sans statut vous est chère, et vous ne savez pas comment faire avancer les choses dans l’impasse politique actuelle ? Vous pouvez donner un coup de main au Collectif de soutien aux Sans-Papiers, qui continue inlassablement à réclamer la régularisation des travailleuses et travailleurs sans statut. Afin que le thème ne disparaisse pas du devant de la scène, il est indispensable de mener des actions de sensibilisation régulière auprès de la population. Vous pouvez nous y aider, sur le moment ou en amont si vous vous sentez plus à l’aise dans le travail de bureau que dans la rue. N’hésitez pas !
Nous avons besoin d’aide ou de votre présence … nous avons besoin d’aide ou de votre présence … nous avons besoin d’aide ou de votre présence …. nous avons besoin d’aide…
Le samedi 19 mai
Participation à une marche symbolique du Jardin anglais à l’OMC, dès 14h00, dans le cadre des Marches contre la précarité et l’exclusion, organisée à l’occasion de la tenue du G8 à Heiligendamm.
Le dimanche 20 mai
Participation aux Marches européennes contre la précarité et l’exclusion, tr
onçon Genève-Nyon aux côtés des personnes précarisées – jeunes, femmes, immigrées et immigrés, personnes sans statut légal – départ en fin de matinée, possibilité de ne faire qu’une partie du trajet.
Le week-end des 16 et 17 juin
Aide pour le montage d’un stand dans le cadre de la manifestation de quartier “La Ville est à vous”, quartier de St-Jean, le samedi matin.
Tenue du stand d’information, différentes tranches de 2h00 le samedi 16 juin.
Tenue du stand d’information , différentes tranches de 2h00 le dimanche 17 juin.
Aide pour le démontage du stand, le dimanche en début de soirée.
Les 22, 23 et 24 juin
Aide au Collectif des Travailleuses et Travailleurs Sans Statut Légal (CTSSL) pour la tenue d’un stand pendant la Fête de la Musique.
Le samedi 22 septembre
Aide dans le cadre de la manifestation de quartier “La Ville est à vous”, quartier de Champel.
Et par ailleurs :
Aide pour des mises sous pli et du travail administratif
Aide pour la tenue de stands d’information, à d’autres occasions
Aide pour des traductions (langues recherchées : espagnol, portugais)
Si vous êtes prêt-e à nous donner un coup de pouce pour l’une ou l’autre de ces actions, merci de renvoyer une copie de cette page en mentionnant vos disponibilités. Adresse : Sophie de Rivaz, Collectif de soutien aux Sans-Papiers, c/o CCSI, rte des Acacias 25, 1227 Acacias. Téléphone : 022/301.63.33 (lundi, mardi, vendredi de 09h00 à 13h00, répondeur dans l’intervalle) Fax : 022/304.48.68 E-mail : collectifsanspapiers@ccsi.ch
Nouvelle publication du Centre de Contact
Suite à l’Université d’été qui s’est tenue l’année dernière autour des questions de genre et d’intégration, le CCSI vient de publier les Actes de ces deux journées de réflexion. Vous en trouverez en annexe un exemplaire. Si vous désirez des brochures supplémentaires, vous pouvez en obtenir gratuitement auprès du CCSI, en nous contactant soit par téléphone (022/304.48.60) soit par mail (admin@ccsi.ch).
Centre de Contact Suisses-Immigrés, Genre et intégration en contexte migratoire, Actes de l’Université d’été des 25 et 26 août 2006. Genève, avril 2007.
L’association DECOUVRIR se présente
Depuis avril dernier, l’association DECOUVRIR tient une permanence dans un des bureaux du Centre de Contact les lundi après-midi et jeudi matin. Destinée à favoriser l’insertion professionnelle des migrantes, l’association se présente. DECOUVRIR a pour but principal de promouvoir l’intégration professionnelle des femmes migrantes à Genève et tout particulièrement des femmes ressortissantes d’Amérique Latine. Pour mener à bien ce but, l’association se propose de viser les quatre objectifs principaux suivants : Mettre en place des projets permettant l’accès simplifié à l’information dans les domaines nécessaires à l’intégration professionnelle à Genève, notamment en ce qui concerne les procédures administratives relatives aux conditions d’établissement en Suisse, la formation et l’emploi (travail – chômage). Sensibiliser les autorités genevoises quant aux potentiels professionnels que représentent les femmes migrantes et promouvoir leur reconnaissance professionnelle auprès de la société d’accueil. Accueillir et accompagner les femmes migrantes dans leur processus d’insertion professionnelle à Genève. Promouvoir et encourager les femmes migrantes dans la mise en place des projets professionnels.
Heures de permanence : Lundi de 14h00 à 17h30. Jeudi de 08h30 à 12h00.
Téléphone : 022/304.48.65 E-mail : association.decouvrir@gmail.com
Élection du Conseil administratif de Genève
Lors des élections de l’exécutif en Ville de Genève le 29 avril dernier, l’ancienne Coordinatrice du Centre de Contact, Sandrine Salerno, a été élue Conseillère administrative. Elle-même immigrée de deuxième génération, Sandrine Salerno a notamment mis l’accent, lors de sa campagne, sur la place des migrantes et des migrants dans la Cité. Le CCSI se réjouit de son élection et lui souhaite bon vent dans ses nouvelles tâches !
Comme nous vous l’annoncions dans le dernier CCSI-Info, Pilar Ayuso, co-fondatrice du Centre de Contact il y a plus de trente ans, a pris sa retraite à la fin du mois de février dernier.
Les beaux jours étant là, il est temps de saluer dignement son engagement sans faille aux côtés des migrant-e-s – qui lui a d’ailleurs valu de recevoir le Prix d’honneur « Femme exilée, femme engagée » 2007 !
Nous vous invitons donc toutes et tous, ami-e-s et connaissances de Pilar, ainsi que vos conjoint-e-s et/ou enfants, à nous rejoindre
le 2 juin prochain
à la Maison Vaudagne avenue de Vaudagne 16 – 1217 Meyrin (bus 9 ou 29, arrêt Vaudagne).
Apéritif dès 18h00, repas à partir de 20h00.
Le Centre de Contact s’occupera de l’apéritif, du repas et des boissons. Si vous souhaitiez préparer des amuse-bouche, une salade, une entrée ou un dessert, n’hésitez pas à vous annoncer au 022/304.48.60 (du lundi après-midi au vendredi matin de 08h30 à 11h30 et de 13h30 à 17h30).
Pour la bonne organisation de cette soirée, il est nécessaire que nous sachions combien de personnes resteront pour le repas.
Merci de vous inscrire au plus vite en envoyant un mail à admin@ccsi.ch.