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CCSI-Info juillet 2017

Publié le 17 juillet, 2017 dans

Bulletin d’infos | juillet 2017 (PDF)

Édito| Marianne Halle

Fin juin dernier, la présidente du PLR Petra Gössi jetait un pavé dans la mare, en affirmant que les personnes qui avaient choisi de vivre à l’étranger après leur retraite ne devraient pas bénéficier de l’augmentation de 70 francs de l’AVS prévue par la réforme Prévoyance 2020. Pourquoi ? Parce qu’elles ne paient pas d’impôts et ne consomment pas en Suisse. L’argument a bien sûr été allègrement repris par l’UDC.

Notons au passage que si les rentes de l’AVS étaient plus élevées, il y a fort à parier que le nombre de retraité-e-s contraint-e-s de quitter la Suisse pour se rapprocher d’un niveau de vie décent serait moins élevé. Mais ce n’est évidemment pas cela qui préoccupe la droite libérale.

Ainsi, il ne suffit plus d’avoir trimé toute sa vie pour pouvoir bénéficier d’un revenu à la retraite. Sauf à vouloir passer pour un traitre et un profiteur, on est désormais prié de dépenser ledit revenu à l’intérieur des frontières nationales. Choquant ? Pourtant, ce jugement sévère porté sur les retraité-e-s vivant à l’étranger découle d’une vision du monde de plus en plus répandue : celle du « chacun pour soi, chacun chez soi ». Une logique qui cherche à imposer comme norme le fait que les gens restent sagement là où le hasard et les circonstances les ont fait naître, sans chercher à améliorer leur sort.

C’est cette même logique qui a fait émerger la politique de la préférence nationale (ou cantonale), et qui permet de justifier les barrières toujours plus importantes qu’on élève pour empêcher les personnes migrantes d’accéder aux prestations de l’État social helvétique (ou du moins ce qu’il en reste).

Pourtant, un simple coup d’œil aux statistiques[1] montre qu’il s’agit là d’une vision du monde rétrograde, et qu’il sera vraisemblablement difficile d’imposer ce « chacun chez soi » dans la réalité. Car la marche du monde emprunte précisément le chemin inverse.

Mais surtout, il ne faut pas s’étonner de voir une telle vision fleurir dans les esprits de personnes parmi les plus privilégiées de l’un des pays les plus riches du globe. Évidemment, quand on n’a pas à se préoccuper de savoir si nos enfants pourront aller à l’école, si un médecin pourra nous soigner en cas de problème de santé, si des perspectives autres que la misère nous attendent au sortir de l’adolescence, ou si nous survivrons au prochain tapis de bombes qui s’abattra sur le quartier dans lequel nous sommes pris au piège par les combats incessants, prôner le « chacun pour soi, chacun chez soi » peut sembler frappé au coin du bon sens. Mais c’est un luxe que bien des gens n’ont pas.

À l’heure où certain-e-s d’entre nous ont la chance de partir en vacances, de voyager librement en sachant que nous retrouverons notre confort matériel dans quelques petites semaines, une petite piqûre de rappel ne semblait pas inutile. Bel été à vous toutes et tous et bonne lecture!

[1] Le pôle de recherche ‘NCCR – on the move’ publie par exemple douze indicateurs, basés sur l’analyse de données statistiques, qui permettent de visualiser de manière interactive les phénomènes de migration et de mobilité en Suisse. Fascinant, et à découvrir sur leur site : http://nccr-onthemove.ch/knowledge-transfer/migration-mobility-indicators/


Initiative anti-droits humains : où en est-on ?

Le CCSI participe activement à la campagne « Facteur de protection D – Les droits humains nous protègent ». Il s’agit d’une campagne d’information lancée en 2014 qui s’engage aux niveaux social et politique pour la sauvegarde de la protection des droits humains en Suisse. Cette campagne cherche notamment à empêcher que l’initiative populaire « Le droit suisse au lieu de juges étrangers (initiative pour l’autodétermination) » ne soit acceptée.

Le Conseil fédéral prend position

Le Conseil fédéral a publié début juillet son message[1] sur l’initiative anti-droits humains, intitulée officiellement « le droit suisse au lieu de juges étrangers ». Heureusement très clair sur le fond, il indique que le Conseil fédéral prend ses responsabilités en matière de protection des droits humains.

La teneur du message est sans équivoque : le Conseil fédéral considère que l’initiative affaiblirait la position de la Suisse vis- à-vis de ses partenaires. Comme on peut le lire en introduction, l’initiative « nuirait […] à la protection internationale des droits de l’homme. Autoriser tacitement la violation de traités, comme le prévoit l’initiative pour l’auto-détermination, affaiblirait le pouvoir de négociation de la Suisse et augmenterait le risque, pour celle-ci, de voir sa responsabilité internationale engagée et de devoir en assumer les conséquences (suspension ou dénonciation par l’autre partie au traité, mesures de rétorsion, représailles, etc.). »

La balle est désormais dans le camp du Parlement, qui devrait s’atteler à l’examen du projet dans les sessions à venir, en vue d’un vote populaire fin 2018 ou début 2019. Comme les 13’000 individus ayant signé l’Appel « Assumons nos responsabilités pour les droits humains » et comme la centaine d’autres organisations partenaires de la campagne, le CCSI enjoint les parlementaires à suivre les recommandations du Conseil fédéral et à ne pas proposer de contre-projet direct ou indirect à l’initiative. Cela reviendrait en effet à en soutenir au moins en partie les orientations. Or comme le souligne le message du Conseil fédéral, « Les préoccupations à l’origine de l’initiative pour l’autodétermination sont indéfendables, tant de par leur approche que par la manière d’y répondre concrètement. »

La campagne continue

L’importance de l’enjeu justifie la mise en œuvre d’une campagne de longue haleine, seule à même de combattre efficacement le travail de sape contre tout l’édifice des droits humains mené par les initiants. Parmi les éléments forts de cette campagne figurent une série de portraits vidéo intitulée « Mon histoire, mes droits » (à découvrir sur le site www.facteurdeprotection-d.ch). Il s’agit de témoignages de personnes dont les parcours ont été marqués par de graves violations de leurs droits fondamentaux, et qui ont lutté pour les défendre par différents moyens. Ces portraits feront également l’objet d’une brochure et d’une exposition, que le CCSI cherche, avec d’autres, à monter à Genève dans les mois à venir. À suivre, nous vous tiendrons bien sûr informés !

[1] Le texte complet du message, ainsi que le communiqué de presse du Conseil fédéral peuvent être consultés sur le site du Département fédéral de justice et police : www.dfjp.admin.ch


L’opération Papyrus ailleurs en Suisse

L’opération Papyrus, dans laquelle le CCSI joue un rôle important (voir notamment les deux derniers numéros du CCSI-Info), est à ce stade une opération d’envergure cantonale. Négociée avec le Secrétariat d’État aux migrations (SEM), elle permet aux autorités genevoises de faire usage de la marge de manœuvre prévue par la Loi et de tester, pendant deux ans, une solution pragmatique à la problématique des travailleurs et travailleuses sans statut légal et de leurs familles présent-e-s depuis de nombreuses années à Genève.

Réalités diverses et réponses variées

L’annonce de l’opération a bien sûr eu un effet sur les autres régions de Suisse, tant il est vrai que la problématique dépasse de loin les frontières genevoises. Mais si les cantons de Vaud, Berne, Bâle et Zurich (pour ne citer que les principaux concernés) sont également confrontés aux dilemmes posés par la présence – souvent de longue durée – sur leur territoire de travailleurs-euses sans autorisation de séjour, les réponses apportées varient très fortement d’une région à l’autre.

Le CCSI en a une nouvelle fois été le témoin lors de la dernière séance de la Plateforme nationale pour les sans-papiers. Les réactions régionales à l’opération Papyrus dont nous ont fait part nos collègues des autres cantons lors de la dernière séance de la Plateforme sont intéressantes à plus d’un titre. Petit tour d’horizon.

Difficile à Berne et à Zurich…

Dans le canton de Berne, la situation varie énormément selon qu’on soit en ville de Berne ou dans les régions plus rurales. Ainsi, alors que dans la capitale fédérale on entame un travail pour réunir des dossiers de personnes potentiellement concernées (sans savoir à ce stade exactement ce qu’il sera possible d’en faire), dans une autre commune du canton il a fallu encore tout récemment se battre pendant des semaines pour que l’une des écoles accepte simplement de scolariser des enfants sans-papiers…

À Zurich, nos collègues se trouvent dans une situation paradoxale : alors que le canton compte un nombre important de travailleurs-euses sans statut légal (au profil très similaire à celles et ceux que l’opération Papyrus vise à régulariser à Genève), et qu’il existe un réseau de soutien bien organisé, les autorités cantonales font preuve d’une fermeture absolue.

À noter que, à court d’arguments sur le fond, ces dernières se sont abaissées à justifier leur refus d’agir en contestant le nombre de sans-papiers présents dans le canton… alors que les chiffres sont ceux d’une étude commandée par le SEM et que le canton ne propose par ailleurs aucun décompte alternatif. La lutte continue désormais avec le dépôt d’une pétition, signée par 4700 personnes, demandant que Zurich s’inspire du modèle genevois.

Espoir à Bâle ?

C’est dans la cité rhénane que l’opération trouve les échos les plus favorables. Le Collectif local travaille d’arrache-pied pour faire comprendre aux autorités et au public en quoi la solution genevoise vaut la peine d’être explorée. Une première victoire, remarquable, est à mettre à leur actif : l’acceptation par le Grand Conseil d’une motion demandant au Conseil d’État d’entrer en matière sur une opération Papyrus à la sauce bâloise, à une majorité éclatante de 63 voix contre 21. Le CCSI se tient à leurs côtés et leur souhaite plein succès pour les discussions qui s’ouvrent !


Musique, les enfants !

L’Espace Musical, une école de musique pour enfants de 3 mois à 16 ans, recherche des instruments pour un projet de fanfare avec les enfants migrants installés au camping de Satigny. L’idée est de créer une fanfare avec la vingtaine d’enfants présents, fanfare mélangeant cuivres pour les grands et percussions pour les plus petits. Les initiateurs-trices de ce projet ont envie d’être dans un projet et un réseau de solidarité.

C’est pourquoi ils-elles lancent un appel pour récupérer des instruments de musique à prêter aux enfants : saxophones sopranos (si possible courbés), saxophones alto, clarinettes, trompettes, trombones, euphoniums et percussions diverses. Tout matériel (becs, embouchure) ou service (réparation, remise en état) sont les bienvenus !

Si vous avez cela sous la main, contactez l’Espace musical (nicole.kettiger@espace-musical.com). Et surtout, n’hésitez pas à diffuser largement cet appel autour de vous pour réunir ces instruments au plus tôt !


Stage au CCSI

Le CCSI est à la recherche d’un-e stagiaire pour un pré-stage HETS (général ou spécifique). Les caractéristiques du stage sont les suivantes:

  • stage non rémunéré;
  • temps de travail 80%;
  • début en novembre 2017 ou à convenir;
  • maîtrise orale de l’espagnol et/ou du portugais indispensable.

La réalité des migrant-e-s à Genève vous intéresse? Nous offrons un travail varié au sein d’une petite équipe motivée. N’hésitez pas à nous envoyer votre dossier jusqu’au 15 septembre 2017 (admin@ccsi.ch), nous nous réjouissons de vous rencontrer!


Cinéma au parc

Les projections estivales du FIFOG (Festival international du film oriental de Genève) vous proposent de découvrir le Intégration Inch’allah, un documentaire de Pablo Muñoz Gomez qui montre la réalité des personnes migrantes qui suivent des cours d’ « intégration sociale et législative » en Belgique.

Tous les vendredis et samedis de juillet au Parc des Franchises, à 21h30. Entrée libre, transats à disposition !