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Opération Papyrus, un an après

Publié le 20 février, 2018 dans ,

L’opération Papyrus a été lancée le 21 février 2017. Une année plus tard, les associations partenaires du projet en font un bilan très positif. Ci-dessous, nous reproduisons le texte du communiqué de presse envoyé aux médias le 20 février 2018, à l’issue de la conférence de presse tenue conjointement avec les autorités cantonales et fédérales. Pour voir le communiqué en version PDF, cliquez ici.

Aux médias, communiqué de presse

Voici une année que les associations signataires de ce communiqué – le Centre social protestant (CSP), le Centre de Contact Suisses-Immigrés (CCSI), le Syndicat interprofessionnel des travailleuses et travailleurs (SIT) et le Collectif de soutien aux sans-papiers de Genève – ont engagé des moyens importants pour la bonne marche de l’opération Papyrus dont elles avaient été partenaires dès l’origine.

Une année d’information

L’annonce de l’opération Papyrus en février 2017 a soulevé un immense espoir parmi les personnes sans statut légal et la grande soirée organisée par les associations le 28 février 2017 au Palladium pour les informer des conditions de la régularisation a rassemblé près de 2’000 personnes dans une ambiance où l’émotion était palpable. De nombreuses séances d’information dans les communautés concernées et auprès des professionnels en contact avec cette population ont suivi. Mais surtout les associations, avec l’aide de bénévoles, ont mis sur pied des centaines de permanences d’information au cours desquelles nous avons donné plus de 4’500 consultations. « Ce travail d’information a porté ses fruits, relève Rémy Kammermann du CSP, puisqu’au début de l’opération environ la moitié des personnes correspondait au « profil Papyrus » (nombre d’années de séjour, emploi, indépendance financière, bonne intégration et casier judiciaire vierge), alors qu’aujourd’hui plus de 75% de celles et ceux qui viennent dans nos permanences sont éligibles. ». Par ailleurs, des employeurs, souvent très désireux de régler la situation de leurs employés, mais parfois inquiets de leur propre sort, ont également pu bénéficier de nos conseils.

Une année d’accompagnement

Au cours d’entretiens personnels dans les permanences et dans nos bureaux, nous avons pu orienter, conseiller et finalement accompagner des centaines de personnes sur le chemin parfois compliqué de la régularisation. Souvent nous avons dû d’abord rassurer des candidat·e·s, peu habitués à attendre de la bienveillance de la part des autorités, sur la réalité de l’opération Papyrus. Après l’évaluation des situations, nous avons pris en charge les dossiers de nos consultant·e·s en les aidant à rassembler les documents nécessaires et finalement en déposant les demandes en leur nom auprès de l’OCPM. Après le rush initial, qui a vu déferler des centaines de personnes aux permanences, nous recevons aujourd’hui un flux plus raisonnable (mais néanmoins régulier) de candidat·e·s, et une quinzaine de dossiers sont déposés chaque semaine. Pour Thierry Horner, secrétaire syndical au SIT, les associations et syndicats ont été présentes aux côtés des personnes concernées par l’opération bien au-delà de la régularisation à proprement parler : « Nous les soutenons dans les démarches qui leur incombent une fois le permis obtenu, et surtout, nous les aidons à défendre leurs droits, notamment sur le plan syndical dans des cas d’exploitation au travail ». A noter enfin que de nombreuses séances avec les autorités ont également permis d’affiner les critères lorsqu’ils nécessitaient une interprétation et de fluidifier le traitement des dossiers.

Une année de rumeurs et parfois de déceptions

Les rumeurs les plus folles ont rapidement surgi au sein de communautés habituées aux mauvaises nouvelles : « Papyrus est un piège et tout le monde sera arrêté », ou « le nombre de permis prévus a déjà été distribué et tous les suivants seront refusés », a-t-on pu entendre. Rassurer nos consultant·e·s est devenu plus simple lorsque les premiers permis sont arrivés, car parfois il fallait que les gens les voient pour y croire enfin. Malheureusement, au vu de la relative sévérité des critères, il nous a fallu souvent dire non et fermer la porte, temporairement ou définitivement, à l’espoir d’une régularisation. « Ces refus sont très douloureux pour nos consultant·e·s, regrette Alessandro De Filippo, coordinateur du Collectif de soutien aux sans-papiers. Ils nous rappellent que Papyrus ne règlera pas toutes les situations. De nombreuses personnes resteront parmi nous dans une situation de grande précarité, et nous continuerons de chercher des solutions pour toutes les personnes que notre politique migratoire enferme dans une illégalité sans issue ». Enfin, certains candidats ont parfois été entrainés dans des démarches très coûteuses auprès de mandataires privés, alors que nous offrions un accompagnement de qualité et gratuit.

Une année de soulagement et de joie

Malgré ces bémols, l’opération Papyrus a été un énorme soulagement pour beaucoup de sans-papiers en leur permettant de savoir de façon certaine s’ils pourront obtenir un permis ou non et, ainsi, de faire des choix en connaissance de cause quant à leur avenir. « C’est également un soulagement pour les associations », rappelle Marianne Halle, du CCSI : « Ce que nous affirmons depuis des années se confirme : un processus de régularisation plus humain et plus rationnel ne crée ni un déferlement imprévu de candidats, ni un appel d’air incontrôlable. » Enfin pour beaucoup de permanent·e·s des associations, cette année laissera le souvenir joyeux et indélébile de ces appels téléphoniques qu’il faut interrompre parce que la personne à qui on annonce l’obtention de son permis est tellement émue qu’elle ne peut plus continuer la conversation.