Une vie ici, une voix ici: renforçons notre démocratie!
Le CCSI est membre du comité d’initiative représentant un très large éventail politique, syndical et associatif, ainsi que des personnes directement concernées ayant lancé le 31 mars dernier l’initiative « Une Vie ici, Une Voix ici…Renforçons notre démocratie »
L’initiative veut élargir et renforcer l’assise populaire de la démocratie genevoise en ouvrant tous les droits politiques en matière cantonale aux résident·e·s étrangers·ères. En effet, 40% des habitant·e·s de ce canton sont aujourd’hui mis à l’écart de décisions essentielles sur la santé, la formation, le logement, l’environnement, l’aménagement, les transports, la fiscalité, etc. Pourtant, ils·elles financent ces politiques publiques par leur travail et leurs impôts, en vivent les effets et contribuent directement à la vie sociale, culturelle et économique de notre République et canton.
Cette nouvelle initiative constitutionnelle reprend le flambeau du PL 12441 signé en son temps par plus de 40 député·e·s et qui avait raté de peu son vote d’entrée en matière en plénière du Grand Conseil au printemps 2021… Ce projet de loi avait fait l’objet de travaux exhaustifs en commission des droits politiques du Grand Conseil, qui s’étaient conclus par un rapport de majorité favorable à cette réforme démocratique dont le temps est manifestement venu.
Il est temps que cette partie de la population contribue aussi aux décisions nous concernant toutes et tous, en distinguant nationalité et citoyenneté cantonale. Cette initiative renforce et unit notre collectivité. Elle est d’autant plus nécessaire depuis que l’accès au passeport a été durci au plan fédéral en 2018.
Elle s’inscrit dans la droite ligne de toutes les réformes démocratiques et citoyennes à Genève, de la fin du 18e siècle en passant par la révolution radicale de 1846… jusqu’aux droits politiques cantonaux conquis par les femmes en 1960 et au droit de vote municipal des étrangers·ères résident·e·s en 2005. Faisons ensemble ce pas en avant !
Sept bonnes raisons de soutenir cette réforme démocratique
- L’extension aux résident·e·s étrangers de droits politiques complets renforce la démocratie genevoise au profit de tous et toutes. Le bassin d’élu·e·s potentiels est élargi, plus de compétences seront à disposition, le nombre de votant·e·s augmentera, leur représentativité par rapport à la population genevoise sera accrue: les décisions prises en seront améliorées. Une fracture au sein de notre collectivité sera supprimée…
- Les personnes directement concernées par cette extension de droits contribuent par leur travail, leurs impôts et leurs engagements multiples à la vie, sociale, culturelle et économique de Genève, comme aux systèmes de formation, de santé, de sécurité sociale, de transports, de services publics… Les exclure des décisions sur des questions les concernant et nous concernant tous et toutes ne se justifie pas.
- La naturalisation, que certain·e·s posent en alternative à l’octroi des droits politiques aux étrangers·ères résidents, obéit à des règles définies à Berne, de façon de plus en plus restrictive, avec par ex. l’exigence du «permis C» inaccessible aux ressortissants·e·s de la Genève internationale. Avec cette initiative, Genevoises et Genevois décideront elles/eux-mêmes des critères d’admission à l’exercice des droits politiques dans notre canton.
- On dit qu’il faut être bien «intégré» pour aspirer à la naturalisation. Mais comment peut-on en fait s’intégrer pleinement si tout le volet politique et démocratique de la vie sociale nous est fermé: ouvrir la porte à la vie politique locale pour les résident·e·s étrangers·ères, c’est augmenter la capacité d’intégration de la collectivité genevoise…
- Genève est une ville multiculturelle, où se retrouvent, dans nos écoles, nos entreprises, nos quartiers, nos commerces, des gens venus du monde entier. On y parle toutes les langues ou presque. L’identité genevoise est faite d’accueil, d’échanges, d’intégration et de mélanges… Il est bon que la diversité et la richesse culturelle et sociale, qui sont une force de Genève, se reflètent dans notre vie politique et démocratique.
- Cette réforme offre aux résident·e·s étrangers·ères les droits de voter et d’élire, mais aussi d’être candidat∙e, car ces droits sont liés. Ne proposer que le droit de voter ou d’élire sans avoir le droit d’être candidat∙e serait incongru: imaginez qu’on ait donné le droit de vote aux femmes, avec la condition qu’elles ne puissent pas se présenter aux élections. Cela aurait été indéfendable !
- L’élargissement des droits politiques, loin d’affaiblir les droits de celles et ceux qui les ont déjà les augmentent. Les libertés et les droits, plus on les partage, plus on les renforce… Genève a connu une «démocratie» réservée à un petit groupe de patriciens, petit à petit elle s’est élargie… et est devenue plus forte. Quand les femmes ont obtenu les droits politiques cantonaux, les hommes n’ont rien perdu, au contraire !
Enfin signer l’initiative c’est permettre à chacune et à chacun des électeurs et électrices genevois actuels de donner leur avis directement sur cette question importante, que les constituant·e·s ont débattu il y a plus de dix ans, mais préféré remettre à plus tard.
Le moment est venu de la trancher démocratiquement dans les urnes !
Les signatures seront déposées dans le courant de l’été 2022 et nous devrions avoir confirmation de l’aboutissement de l’initiative en septembre 2022.